Et si la Seine était à sec ?
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Le bassin versant de la Seine amont est caractérisé par une forte tension sur la ressource en eau. Les besoins pour satisfaire les prélèvements sont considérables : les prélèvements en eaux superficielles représentent plus de 2 milliards de m3 chaque année. Le contexte de raréfaction de la ressource en eau lié au changement climatique risque de se traduire par des tensions accrues sur les usages de l’eau et constitue un défi sociétal majeur. L’établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs exploite 4 lacs-réservoirs qui stockent l’eau en hiver et au printemps pour alimenter le débit de la Seine et de ses principaux affluents l’été et l’automne. Pour anticiper les enjeux de demain, Seine Grands Lacs a réalisé une étude d’évaluation de l’incidence socio-économique et environnementale des étiages sévères.
- Le premier objectif de cette étude est de caractériser les étiages les plus sévères observés sur son territoire. Quatre évènements majeurs ont été retenus : 1921, 1949, 1976 et 1991.
- Le second objectif est d’évaluer l’incidence potentielle de ces étiages sur les milieux et sur les activités socio-économiques et d’autre part la capacité du soutien d’étiage à réduire ces incidences.
Des scénarios identifient la vulnérabilité du territoire face aux futurs étiages aggravés par le réchauffement climatique et proposent des pistes pour réduire cette vulnérabilité en particulier à partir du levier des lacs-réservoirs.
SITUATION ACTUELLE
L’étude a démontré le rôle indispensable joué par les lacs-réservoirs en période d’étiage pour garantir la disponibilité de la ressource. La pression sur l’eau est très élevée sur le bassin et les activités économiques (navigation, alimentation en eau potable, industries et irrigation) sont extrêmement dépendantes du débit et de la qualité des eaux de la Seine et ses affluents. En particulier, le mois de juillet représente un pic de prélèvement d’eau, pour des enjeux économiques pouvant se chiffrer à plusieurs milliards d’euros. Les enjeux économiques se concentrent principalement sur la Marne et la Seine en aval de la confluence Seine/Aube.
Les règles de gestion des lacs-réservoirs sont robustes. Cependant une vulnérabilité existera toujours en cas de difficultés de remplissage des ouvrages et d’étiage très sévère et prolongé. Cette vulnérabilité peut se traduire par des capacités de soutien d’étiage insuffisantes par rapport aux besoins du bassin.
Un taux de remplissage des lacs-réservoirs minimum de 50 % permet de sécuriser les usages prioritaires (c’est-à-dire d’éviter une situation de crise) pour les 4 étiages extrêmes étudiés.
- Ce taux de remplissage a toujours été assuré depuis la mise en service des lacs-réservoirs : un remplissage moyen de 70% a toujours été garanti sur les ouvrages (hors années de vidanges décennales ou travaux).
- MAIS les lacs ne seraient remplis qu’à moins de 30 % si un étiage comme celui de 1921 se reproduisait, avec un hiver et un printemps très secs : des impacts économiques majeurs seraient dans ce cas inévitables.
ET DEMAIN ?
En temps futur, les scénarios montrent que la vulnérabilité du territoire augmente : hausse des besoins en eau, allongement des périodes d’étiage (+ 65 jours) et diminution des débits d’étiage de l’ordre de 20 %. Les lacs-réservoirs seront alors plus difficiles à remplir, et la demande en eau plus importante.
Il est estimé que pour des étiages du futur, des situations de crise sur le bassin pourront apparaître, même avec des ouvrages remplis à plus de 80%.
QUELLES RÉPONSES ?
L’absence de situation de défaillance en étiage grâce à l’action des quatre grands lacs-réservoirs, apporte une sécurité de la ressource en eau qui masque des vulnérabilités réelles.
Des pistes d’action ont été proposées pour améliorer la gestion des quatre lacs-réservoirs pour faire face à des étiages de plus en plus longs et sévères.
En tant qu’EPTB, Seine Grands Lacs s’engage par ailleurs déjà fortement dans la préservation et la restauration des zones d’expansion des crues qui favorisent l’infiltration d’eau et l’alimentation des nappes.
Enfin, un élément essentiel pour diminuer la vulnérabilité du bassin aux enjeux de l’eau est de limiter la dépendance des usages en privilégiant des mesures d’adaptation ou de réduction des consommations. Ces mesures nécessiteront de mener une concertation globale des usages de l’eau sur le territoire.